ARTICLE MORTEL
Décembre est un joli mois. Il y les vacances (pour beaucoup) où on ne va rien foutre, pour changer de d'habitude (non non je ne m'adresse pas aux chômeurs, aux moins de 18 ans ou aux étudiants de fac, pourquoi vous croyez-vous visés ?) ; il y a Noël, et ses interminables repas de famille où l'on mange beaucoup trop, les cadeaux, les retrouvailles avec la famille lointaine qu'on voit une fois par an et avec qui on s'extasie au récit de leur morne vie dans leur bled pourri... « Comment ?! Mme Hubert a ENCORE laissé son chien chier dans les escaliers de l'immeuble? » C'est encore mieux que devant Plus belle la vie. Il y a encore plus de détails.
Décembre, c'est aussi les partiels pour certain·e·s, qu'on ne révise qu'à la dernière minute ; les mêmes lumières décoratives d'années en années, les mêmes attractions aux mêmes fêtes foraines et les mêmes stands aux mêmes marchés de Noël... Ah décembre, un bien joli mois comme le disais-je ! Pourtant, cette fin d'année 2015, ô combien attendue était, il faut le dire, merdique. Déjà, je me serai bien passée de rentrer dans ma campagne natale, ennuyeuse à crever, pour passer un Noël pourri... Mais ça n'est pas le plus important, nan. Ah je vois d'ici vos yeux s'illuminer. Fin d'année, tragédie... Bon Dieu, le 28 décembre 2015, Ian Fraser Kilmister, plus connu sous le nom de Lemmy Kilmister, est MORT, et ça c'est grave ! Et c'est sans doute une des plus grandes tragédie que 2015 ait connue. Car en plus d'être mort, le rockeur au nom de famille hyper classe a commencé le compte à rebours d'une malédiction interminable.
Lemmy s'en fou puisqu'il est mort. En enfer sans doute, entouré de groupies, prenant matin-midi-soir de la coke et du Jack'. La belle vie quoi ! Après les innombrables et agaçants « bonne année », la mort ne prend pas de repos et le 1er janvier nous enlève une figure de l'ombre du milieu cinématographique, Vilmos Zsigmond. Directeur de la photographie sur Voyage au bout de l'enfer de Michael Cimino, The Last Waltz de Scorsese ou encore Blow Out de Brian de Palma. Zsigmond reçut en 1978 l'Oscar de la meilleure photographie pour Rencontre du troisième type de Spielberg.
Le lendemain, c'est au tour de notre français Michel Delpech de tirer sa révérence. Ses hits : « Pour un flirt », « Que Marianne était jolie », « Quand j'étais chanteur ». Peu après, le 4, un autre Michel nous quitte. Galabru cette fois, acteur de métier. Mais si ! La série de films des Gendarmes... Non ça n'est pas le petit chauve rho. C'est l'autre. Voilà, vous voyez qui c'est ?
Ce même jour, Robert Stigwood, producteur de renom dans les sixties et seventies dans le milieu musical et manager des Bee Gees, rend l'âme (A-a-aa-Stayin' alive, stayin' alive...). Continuons sur la lancée, le lendemain, le 5 donc, le compositeur et chef d'orchestre Pierre Boulez, un des principaux de sa catégorie dans la deuxième moitié du XXe siècle, décède à l'âge de 90 ans. Attention le massacre n'est pas fini. Le 8, Otis Clay, le chanteur de soul, blues et gospel se rend au royaume des taupes.
Le 10, ça ne pouvait pas être pire pour la rédactrice de ces lignes. L'icône du glam'rock, l'androgyne au visage d'ange, j'ai nommé David Jones, ou David Bowie, devient un starman comme dans sa chanson... Il venait de sortir son dernier album. Artiste jusqu'à la fin.
La Faucheuse s'amusant décidément bien avec les musiciens, décide, le 14 janvier, de frapper un gros coup le milieu cinématographique en arrachant du monde des moldus Alan Rickman, acteur britannique connu pour ses rôles dans Die Hard, Robin des Bois etc. Mais pour toute une génération, il est et restera Severus Rogue dans les Harry Potter. C'était un jour très triste, je dois l'avouer.
A noter que ce jour disparaît également René Angélil, manager et producteur. Mais entre nous, surtout connu pour être le mari de Céline Dion, qu'il révéla. Et oui, sans lui, le générique de Titanic ne serait pas ce qu'il est ! Une bonne chose peut-être ? D'ailleurs, Céline, la pauvre, perdit la même semaine son frère... Bon, je n'adore pas forcément Céline Dion, elle a fait de très bonnes chansons (enfin une ou deux me viennent en tête), mais là, je compatis vraiment.
Le 18 janvier, un écrivain (ENFIN !) avale son extrait de naissance. Il s'agit de Michel Tournier, français couronné du prix Goncourt en 1970 pour son roman Le Roi des aulnes. Il est également l'auteur de Vendredi ou la vie sauvage, sorti en 1971. La Mort décide de retourner à ses premières amours, et toujours le 18, fait faire le grand saut à Glenn Frey, guitariste et chanteur de The Eagles, groupe mythique des seventies, surtout connu pour leur tube « Hôtel California » dont Frey est co-compositeur.
Le 28 janvier, après 10 jours de vacances bien méritées, La Voyageuse de Nuit revient en force. En effet, Paul Kantner, co-fondateur et guitariste de Jefferson Airplane, et Signe Anderson, première chanteuse du groupe avant l'arrivée de Grace Slick, mettent la table pour les asticots.
C'est ainsi que s'achève le mois de janvier, truffé de macchabés. L'année commence bien !
La série moins meurtrière de février débute le 3 avec la disparition du fondateur d'Earth, Wind and Fire, Maurice White. Le 18 février, Paul Gordon, membre des groupes New Radicals et B-52's quitte à jamais la vallée des larmes. Le lendemain, c'est l'écrivain et philosophe Umberto Eco, auteur du Nom de la Rose et théoricien du langage, qui succombe à un cancer.
Le 25, Tony Burton, acteur afroaméricain vu dans les Rocky pour avoir joué Duke, l'entraîneur d'Apollo Creed, descend dans sa tombe.
Après un mois d'hiver plutôt calme, la Fossoyeuse rappelle à elle Patrick Floersheim le 4 mars. Directeur artistique et acteur français spécialisé dans le doublage, Floersheim fut la voix française de Michael Douglas, Jeff Bridges et Ed Harris.
Le même jour, Tony Dyson, spécialiste des effets spéciaux et SURTOUT contributeur à la création de R2-D2, C-3PO, Chewbacca et Dark Vador, passe du côté "obscur".
Le 8 mars, le journaliste américain John Morthland, ancien rédacteur en chef de Rolling Stone dans les sixties et seventies, mais aussi collaborateur chez Creem et Texas Monthly paye sa dette à la nature. Il était notamment ami avec Lester Bangs, un autre grand journaliste dont je parle dans ce numéro.
Ce 8 mars décampe également une autre grande figure des sixties, du Swinging London en particulier, j'ai nommé George Martin, surnommé « le cinquième Beatles ». Il était leur producteur et composait également des musiques de films. Deux jours plus tard, l'anglais Keith Emerson, du groupe rock progressif ELP (Elmer, Lake et Palmer) rentre les pouces. Il reste un claviériste légendaire de par son jeu de scène et son talent.
La liste est bien sûre exhaustive. Beaucoup d'autres sont morts, mais entre nous, pour certains, on s'en fou, Pour vous donner une idée, un certain site d'encyclopédie libre recense plus de 430 morts célèbres au moment où j'écris ces lignes. R.I.P. à tous, et à ceux qui viendront cette année.
« Rappelle-toi que toutes personnes sont destinées à mourir. » Pythagore
Mia